02/05/2024

Taiwan Today

Culture

Un livre-phare sur Madame Chiang Kai-shek chez Gallimard

15/12/2010
C’est une biographie « définitive » – le mot est de Simon Leys, qui signe une préface élogieuse – que Philippe Paquet vient de consacrer chez l’éditeur français Gallimard à celle dont la vie tout à fait extraordinaire s’entremêle étroitement à la destinée de la République de Chine : Soong Mayling. Journaliste – il signe régulièrement des articles de fond sur la Chine dans La Libre Belgique –, sinologue et historien, Philippe Paquet connaît son sujet sur le bout des doigts, même s’il ne rencontra jamais Madame Chiang Kai-shek. C’est une reconstitution d’une rare honnêteté intellectuelle qu’il nous propose, s’inspirant de l’abondante correspondance privée de l’éternelle Première dame de Chine, comme l’appelle une autre de ses biographes, Laura Tyson Li, et des témoignages de tous ceux, connus ou moins connus, qui croisèrent sa route. Car Soong Mayling fascina toute une génération d’Américains, jusqu’à ses plus grands journalistes comme Henry Luce, le fondateur deLife Pictural et de Time, ses chefs militaires comme Claire Chennault ou George Marshall et bien sûr ses dirigeants, de Theodore Roosevelt à Richard Nixon. Mettant en lumière son incroyable érudition et son intelligence, son engagement sans faille, sa beauté légendaire et son charme irrésistible, mais aussi ses caprices d’impératrice et ses excès, l’auteur explique le rôle capital également que joua la foi chrétienne de Soong Mayling dans sa vie comme dans le déroulement des événements. Philippe Paquet ne laisse de côté aucune piste pour recomposer sans aucun doute le portrait le plus fidèle qui ait jamais été dressé de celle qui joua un rôle capital dans la marche de l’histoire, en particulier dans les relations entre la Chine nationaliste et l’Amérique, au point que Madame semble éclipser le Généralissime, qui n’apparaît le plus souvent qu’« en creux » dans ce récit magistral. Plus qu’à « Cacahuète » – le sobriquet injurieux qu’usait en privé le général Joseph Stillwell pour parler de Chiang Kai-shek, dont il fut chef d’état-major après la Seconde Guerre mondiale –, l’historien attache de fait davantage d’importance aux « dynasties » Soong, Sun et Kung, démêlant les écheveaux tissés par ces trois familles qui laissèrent leur marque sur la Chine post-1911. L’auteur s’attache à éclairer le rôle de chacun des membres de ces trois familles dans la montée des nationalistes puis leur déclin face aux communistes, et surtout le combat inlassable que mena Soong Mayling pour obtenir – et conserver – l’appui militaire, politique et financier de Washington. L’ouvrage de 677 pages, dont la lecture est une vertigineuse plongée dans l’histoire de la République de Chine, mais aussi de celle du 20e s., est abondamment illustré de photos, biographies de personnages célèbres et références bibliographiques. Jamais ennuyeux, toujours précis, il se lit comme une saga, dans laquelle le rocambolesque et le sensationnel autant que le quotidien éclairent l’histoire avec un grand H.

Les plus lus

Les plus récents