Dans la pénombre, dix danseurs évoluent sur un sol d’un noir de jais. Leurs jambes se croisent et s’entrecroisent en cadence, tels les crochets d’une machine à coudre. Les gestes mécaniques et saccadés laissent doucement la place à une poétique des corps tricotée main – une série de tableaux d’une beauté ensorcelante où les danseurs tour à tour se fondent dans les fils de laine et en émergent.
Yo Gee Ti est le résultat d’une rencontre improbable entre deux artistes dont les trajectoires auraient pu ne jamais se croiser : le chorégraphe français Mourad Merzouki et le styliste taiwanais Johan Ku [古又文].
Un an après sa création à Taipei, encensé par la critique, le spectacle revient au
Théâtre national ce soir et demain, avant de poursuivre sa tournée asiatique en Indonésie, en Thaïlande, à Hongkong, puis en Chine.
C’est en mars 2012 que
Yo Gee Ti avait été présenté pour la première fois, à Taipei, et il a depuis été monté notamment au Festival Montpellier Danse et à la Biennale de la danse de Lyon. A chaque fois, le public est surpris et séduit par un mariage aussi fort qu’inattendu entre l’univers du hip hop et celui de la couture, entre des cultures orientales si proches et si lointaines, un spectacle servi par une musique aux influences croisées, tantôt andalouses, tantôt emmenant vers les confins de la Chine.
Yo Gee Ti est ainsi caractéristique de la démarche d’ouverture au monde de Mourad Merzouki qui, à la tête de la troupe Käfig, a multiplié les œuvres transcendant les disciplines et les cultures. Cinq danseurs de hip hop français et cinq danseurs contemporains taiwanais partagent ici le même langage.