Taiwan Today

Le réalisateur Hou Hsiao-hsien [侯孝賢] qui vient de remporter le prix de la mise en scène au Festival de Cannes pour son dernier film, The Assassin, s’est vu remettre hier l’Ordre de l’étoile brillante avec grand cordon par le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九], en reconnaissance de la qualité exceptionnelle de son œuvre artistique et de son dévouement inlassable à la promotion du cinéma taiwanais. L’occasion pour le cinéaste de revenir sur les énormes difficultés que rencontrent les professionnels taiwanais du cinéma pour trouver des financements chez eux et d’appeler à trouver des solutions. Expliquant avec modestie que ses propres limites sont sans doute le plus grand défi auquel il est confronté, Hou Hsiao-hsien a souligné qu’il était parfois plus difficile encore pour lui de faire des films du fait de l’orientation de plus en plus commerciale de l’industrie du cinéma et des budgets sans cesse plus élevés que nécessitent les productions cinématographiques. Il lui a fallu sept années pour terminer The Assassin, a-t-il dit, en grande partie par manque de financements. Les fonds obtenus à grand peine auprès du gouvernement, de producteurs taiwanais et même d’une entreprise du secteur des hautes technologies ne suffisaient pas : en fin de parcours, il a été obligé de se tourner vers la Chine pour boucler son budget. L’industrie du cinéma de Taiwan doit se doter d’un mécanisme de financement participatif qui donne aux producteurs et aux réalisateurs un accès plus aisé aux capitaux dont ils ont besoin pour travailler, a plaidé Hou Hsiao-hsien. Figure du Nouveau cinéma taiwanais, Hou Hsiao-hsien s’est fait connaître du public européen en 1989 avec City of Sadness, un film récompensé d’un Lion d’or cette année-là à la Mostra de Venise. Ses films, qui ont davantage de succès à l’étranger qu’à Taiwan, ont été plusieurs fois sélectionnés à Cannes pour la Palme d’or, mais c’est la première fois qu’il remporte dans le festival français une distinction aussi prestigieuse.