On a peu parlé jusqu’ici à Taiwan des
wansheng [灣生] (littéralement, « nés à Taiwan »), ces Japonais qui sont nés à Taiwan alors que l’île était une colonie nippone et qui furent contraints de la quitter avec leur famille après la défaite japonaise en 1945. C’est pour y remédier que Chen Hsuan-ju [陳宣儒], aussi connue sous le nom japonais de Mika Tanaka, a recueilli les témoignages de certains d’entre eux.
Chen Hsuan-ju s’est plus particulièrement intéressée aux
wansheng, ou
wansei en japonais, nés à Hualien, sur la côte est de Taiwan. Douze années de recherches à Taiwan et au Japon, d’interviews et de recueil de documents ont abouti en 2014 à la publication d’un livre,
Wansheng hui jia (Les
wansheng rentrent chez eux) dans lequel elle raconte la vie difficile de ces exilés qui, pour diverses raisons, eurent beaucoup de difficultés à s’intégrer dans la société japonaise et conservèrent souvent une forte nostalgie de leur terre natale.
Ce livre, et le
documentaire du même nom, ne racontent pas seulement l’histoire des huit vieillards qui y apparaissent, a-t-elle expliqué en marge de la présentation du documentaire à Hualien la semaine dernière, c’est aussi l’histoire des 250 000
wansheng qui ont dû quitter Taiwan et qui, pour beaucoup, n’ont jamais pu y retourner.
« Les
wansheng sont une partie de l’histoire de Taiwan qui ne peut être effacée, a commenté le chef du district de Hualien, Tien Chih-hsuan [田智宣], qui assistait à la projection. Ces enfants qui ont porté la douleur de la guerre ont vu leur destinée déformée à jamais. Pour nous comprendre nous-mêmes, nous devons reconnaître la vérité historique et éviter de répéter les erreurs du passé. »