Taiwan Today

Shanghai-Belleville, le premier long métrage de la réalisatrice taiwanaise Lee Show-chun [李秀純], sort le 30 décembre sur les écrans français. Le film dépeint, sur le mode de la fiction, la vie des clandestins chinois à Paris. L’intrigue se déroule à Belleville, où M. Zhou se retrouve sur un trottoir, « tombé du ciel » pour chercher Gine, sa femme disparue. Alors qu’il accepte un travail mal rémunéré, il rencontre Liwei, un jeune homme arrivé clandestinement par la Croatie (et surnommé « Le Croate ») avec son petit frère, quelques mois auparavant. Ensemble, ils partent à la recherche de Gine, et sont aidés par Anna, une prostituée. « J’ai écrit Shanghai-Belleville en utilisant une méthodologie comparable à celle de l’anthropologie, explique Lee Show-chun. Dans ce processus de recherche, j’ai été émotionnellement submergée par les gens que j’ai croisés. J’ai par conséquent essayé de trouver une forme de mise en scène qui soit capable à la fois d’exprimer ce que j’ai ressenti pour eux mais également qui soit en mesure de traduire leur univers. » Aussi, plutôt qu’une forme documentaire ou uniquement réaliste, la réalisatrice a opté pour une autre approche. « J’ai eu envie de faire de la communauté chinoise de Paris un mythe contemporain. Mon film n’est pas, par conséquent, un reportage fiction, mais un conte », dit-elle. « On parle souvent dans son premier film de son histoire. A travers Shanghai-Belleville, j’ai, d’une certaine manière, parlé de ma famille chinoise en France – même si je suis Taiwanaise d’origine. » Déjà présenté à l’état de projet dans plusieurs festivals, Shanghai-Belleville a été lauréat en 2007 du concours Emergence, sous le parrainage de Claude Miller, et a ensuite été sélectionné aux Ateliers de la Cinéfondation du festival de Cannes. Lee Show-chun est arrivée en France en 1991 pour ses études à l’Institut national des arts contemporains Le Fresnoy, puis à l’Ecole des hautes études en sciences sociales où elle a étudié l’anthropologie. Depuis, elle réside en France où elle a travaillé comme assistante auprès de Tsai Ming-liang [蔡明亮], des frères Larrieu ainsi que de Frédéric Balekdjian, et où elle a étudié l’œuvre de Hou Hsiao-hsien [侯孝賢] à travers un portrait baptisé Métro Lumière. Elle a en outre réalisé de nombreux documentaires sur l’immigration clandestine ainsi que des enquêtes sur l’esclavage moderne commandées par le Bureau international du travail.